L’accélération des avancées en matière d’égalité entre les sexes ne constitue pas seulement un impératif social et moral : elle procurerait également un dividende de croissance pour le Canada. Un nouveau rapport du McKinsey Global Institute (MGI), intitulé : The power of parity: Advancing women’s equality in Canada, nous apprend qu’en prenant des mesures pour résoudre la question de l’égalité hommes-femmes, le Canada pourrait ajouter 150 milliards de dollars à son PIB en 2026, soit une augmentation annuelle de sa croissance de 0,6 pour cent, ou 6 pour cent de plus que la croissance actuellement prévue au cours de la prochaine décennie. En d’autres termes, cela équivaut à ajouter un nouveau secteur de services financiers à l’économie. Chaque province pourrait enregistrer un gain de 4 à 9 pour cent en 2026, les taux de croissance potentiels les plus élevés étant en Colombie-Britannique, en Ontario, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Québec. Récolter cette manne économique exigerait que le Canada augmente le nombre de femmes dans les secteurs à forte productivité, comme la technologie, et accroisse le taux d’activité de ces dernières sur le marché du travail, deux mesures représentant chacune 42 pour cent de l’impact attendu. Les 16 pour cent restants proviendraient d’une augmentation des heures travaillées par les femmes.
Le Canada est l’un des chefs de file mondiaux au chapitre de l’égalité hommes-femmes. En 2015, à la suite d’une recherche menée dans 95 pays et visant à examiner 15 indicateurs d’égalité dans les milieux professionnel et social, le MGI a classé le Canada parmi les dix premiers pays en ce qui concerne la parité hommes-femmes. Toutefois, depuis les 20 dernières années, aucun progrès notable n’a été réalisé en matière de parité. Les données liées à de nombreux indicateurs montrent peu d’amélioration, et d’après les taux actuels, il faudra possiblement de 30 à 180 ans pour combler les écarts entre les sexes. L’inégalité entre les sexes est plus importante dans sept des 15 indicateurs : les postes de direction; l’éducation dans les disciplines des sciences, des technologies, du génie et des mathématiques (STGM); les emplois en STGM; l’entrepreneuriat; la représentation politique; le travail non rémunéré; et la monoparentalité. Les résultats sont en grande partie les mêmes dans l’ensemble des villes et des provinces et pointent vers des champs d’action prioritaires communs pour la nation et les organisations.
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Bien que 53 pour cent des diplômés universitaires au Canada soient des femmes, une minorité d’entre elles sont dirigeantes d’entreprise. Notre sondage auprès de 69 entreprises canadiennes représentant plus de 500 000 employés a permis de mettre en lumière les obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans le milieu de travail. L’enquête a en effet démontré qu’environ 45 pour cent des employés de premier échelon sont des femmes, mais qu’elles représentent seulement 25 pour cent des vice-présidents et 15 pour cent des chefs de la direction. La première barrière à l’avancement des femmes semble se situer entre les postes de premier échelon et ceux de gestionnaires; la seconde concerne le passage du niveau directeur à celui de vice-président, étape que les hommes ont trois fois plus de chances de franchir qu’elles. La perte de talents féminins le long de l’échelle hiérarchique n’est pas due au manque d’ambition ou à une attrition plus élevée : le pourcentage de femmes souhaitant obtenir un avancement est identique à celui des hommes, et les femmes sont en réalité moins nombreuses que leurs homologues masculins à quitter leur poste.
Les entreprises peuvent adopter un ensemble complet d’initiatives tout en s’attachant à les mettre en œuvre et en soutenant leurs efforts au fil du temps. Au Canada, les meilleures d’entre elles s’appuient sur cinq grands principes pour faciliter leurs progrès. Elles :
- Vont au-delà d’un engagement verbal vis-à-vis de la mixité en établissant clairement son bien-fondé pour le succès de l’entreprise.
- Se fixent des objectifs, en font le suivi, partagent les résultats avec leurs employés et tiennent leurs dirigeants imputables de leur atteinte.
- Créent des réseaux formels de parrainage pour aider les femmes à gravir les échelons de l’organisation.
- S’assurent que la flexibilité des horaires de travail soit compatible avec l’avancement professionnel.
- Sensibilisent leurs employés et combattent les préjugés inconscients afin de créer un environnement réellement inclusif.
Comment la progression de l’égalité hommes-femmes peut ajouter 12 mille milliards de dollars à la croissance mondiale
L’égalité entre les sexes au travail est liée à l’égalité entre les sexes dans la société—sans égalité dans la société, il ne peut y avoir d’égalité au travail. Pour réaliser des progrès sur le plan social, tous les intervenants, y compris le gouvernement, les entreprises, les organismes sans but lucratif, les établissements d’enseignement, les médias et les particuliers, pourraient entreprendre un éventail d’initiatives dans cinq champs d’action prioritaires au Canada : supprimer les obstacles à l’entrée des femmes dans les domaines des STGM, permettre à davantage de femmes de devenir entrepreneures, réduire les inégalités entre les sexes en ce qui concerne la garde des enfants et le travail non rémunéré, accroître la représentation des femmes en politique, et réduire les préjugés à leur égard et mettre en place de nouvelles normes sociales. Mobiliser les hommes et les femmes et garantir la collaboration de l’ensemble des entreprises et des secteurs afin qu’ils s’attaquent aux préjugés ancrés dans les mentalités sera l’une des tâches les plus difficiles. Elle sera pourtant essentielle pour garantir notre succès et faire en sorte que le Canada demeure un chef de file mondial en matière d’égalité hommes-femmes.
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